Le Canada a une grande dette de gratitude envers l’honorable Tommy Douglas pour son travail visant à assurer l'accès universel aux soins de santé pour tous les Canadiens. Il s’agit d’un élément important de notre fierté nationale et de nos valeurs canadiennes fondamentales.
Le Canada peut avoir le meilleur système de santé au monde. Cependant, notre système de santé est aujourd’hui confronté à une pression constante alors qu’il peine à suivre l’évolution des besoins en matière de santé des Canadiens. Il est temps de repenser le système.
Le système de santé actuel a été mis en place il y a plus de 60 ans, conçu à une époque où les baby-boomers étaient jeunes et en bonne santé, l'accent était mis sur les soins de courte durée. Aujourd’hui, nous avons une population à la fois croissante et vieillissante. Parallèlement à cela, nous devons tenir compte du nombre croissant de Canadiens vivant avec une maladie chronique — le cas de 45 % de la population en 2021 — et ce nombre devrait augmenter. Pourtant, nous œuvrons à l’intérieur d’un système conçu pour les soins aigus afin de répondre à des besoins très différents.
Le mandat principal de la Loi canadienne sur la santé est de protéger, de promouvoir et de rétablir le bien-être physique et mental des résidents du Canada et de faciliter un accès raisonnable aux services de santé sans obstacles financiers ou autres. Ce n’est plus ce qui est livré. Une nouvelle approche est nécessaire.
Ça prend un changement de paradigme.
J'ai l'intention de travailler en partenariat avec les provinces pour restructurer notre système de santé. Concrètement, nous ouvrirons deux nouvelles portes pour accéder au système, pour ne plus dépendre uniquement soit du médecin de famille soit des urgences. Nous mettrons en œuvre un dossier médical électronique (DME) intelligent et universel pour identifier de manière proactive les patients. Nous exploiterons pleinement les technologies actuelles, notamment l’intelligence artificielle, pour améliorer considérablement les soins aux patients.
Ma feuille de route en trois étapes pour des soins de santé efficaces propose de mettre à jour le paradigme selon lequel les provinces fournissent des services de santé, créant ainsi de nouvelles voies d'accès qui profitent aux Canadiens de tout le pays. Le gouvernement fédéral prendra l'initiative en investissant dans la formation des médecins, en mettant en œuvre des solutions technologiques et en construisant l'infrastructure nécessaire pour répondre aux nouvelles normes nationales, tout en respectant l'expertise provinciale en matière de prestation de soins sur le terrain.
En réorganisant nos soins de santé pour répondre aux besoins modernes des patients canadiens, ensemble nous pouvons bâtir le meilleur système de santé au monde.
Première étape: Ouvrir deux nouvelles portes d’accès au système de santé
À l’heure actuelle, les Canadiens n’ont que deux portes d’entrée principales vers le système de santé, soit par l’intermédiaire d’un médecin de soins primaires – on estime que 6 millions de Canadiens n’ont pas actuellement ! – ou via les urgences de l’hôpital. Le manque d’accès aux soins primaires entraîne d'autres problèmes : selon l'AMC, cela soulève des questions de vulnérabilité à la désinformation, alors que de plus en plus de Canadiens — jusqu'à 37 % — se tournent vers Internet pour obtenir des conseils médicaux en raison du manque d'accès à un médecin.
Investir davantage d’argent pour résoudre le problème en construisant des hôpitaux de plus en plus grands et en augmentant la capacité d’accueil des urgences, n’est pas la solution. Il s’agit d’un problème structurel et non d’un problème de capacité. Nous devons ouvrir de nouvelles voies d'accès aux Canadiens. Cela nous permettra d’éviter la désinformation en ligne et la surcapacité critique des salles d’urgence.
1er point d’action - Travailler de concert avec les provinces pour établir des centres de soins continus (CSC). Ces cliniques, gérées par le gouvernement, traiteront les cas non urgents et chroniques et seront dotées d’un personnel d'infirmières praticiennes (IP) supervisé par des médecins de famille. Le gouvernement fédéral fera appel aux 450 000 infirmières canadiennes, y compris ceux et celles qui font déjà partie du système, dont 6 000 se verront offrir la possibilité de perfectionner leur formation pour devenir IP.
- Avec un ratio d'une infirmière praticienne pour 1 000 patients, à 6 000 IP, les six millions de Canadiens actuellement sans fournisseur de soins primaires auront une nouvelle façon d'accéder à un professionnel de la santé autorisé à prescrire des traitements, à ordonner des tests et à diagnostiquer les patients.
2e point d’action - Élargir le soutien aux soins à domicile. Par le moyen de financement et de la législation, soutenir les entreprises et les prestataires de soins qui développent des solutions qui permettront à un plus grand nombre de Canadiens qui le souhaitent de guérir, de vieillir et de recevoir des soins palliatifs à la maison, réduisant ainsi le fardeau des soins de santé en établissement et conduisant à de meilleurs résultats pour les patients.
Deuxième étape: Moderniser l’accès aux dossiers médicaux
Les dossiers médicaux sont actuellement suivis via le système de dossier médical électronique (DME). Bien que les DME aient considérablement accru l’efficacité, ils ne sont pas classés dans un référentiel centralisé et ne sont pas facilement accessibles aux prestataires de soins primaires. Imaginez un système de santé connecté où vos dossiers médicaux vous suivent partout où vous allez, vous plaçant, en tant que patient, au centre. L’accès transparent aux informations essentielles sur la santé ferait en sorte que les patients n'auraient pas à constamment raconter leurs antécédents médicaux, et que les médecins et les infirmières praticiennes pourraient établir des diagnostics plus rapides et plus précis, ce qui entraînerait de meilleurs résultats pour leur santé.
Il n’est plus nécessaire pour le gouvernement de créer une base de données unique et globale. Il s’agirait d’une entreprise colossale qui risquerait de se transformer en un échec extrêmement coûteux. Aujourd'hui, grâce à la technologie d'intelligence artificielle développée au Canada, nous pouvons appliquer des solutions sécurisées à la création de dossiers médicaux électroniques modernes.
Le gouvernement fédéral mettra en œuvre l'infrastructure et établira des normes au moyen d'initiatives telles qu'une feuille de route pancanadienne d'interopérabilité pour garantir que les bases de données répondent à une norme d'interopérabilité. Les différentes bases de données à travers le pays pourraient ensuite être consultées par un système d’IA pour regrouper intelligemment les données médicales.
3e point d’action – Veiller à ce que tous les DME répondent à une norme d'interopérabilité. Cela permettra aux systèmes d'IA d'accéder aux référentiels de données de tous les hôpitaux, cliniques, cabinets de médecins et pharmacies. Ces données peuvent ensuite être intelligemment regroupées, permettant ainsi un accès simple et sécurisé aux dossiers médicaux par les professionnels de santé accrédités — il s’agit d’une condition préalable à (la première étape!) ouvrir deux nouvelles portes d'accès.
Troisième étape: Se servir de l’intelligence artificielle pour mieux accompagner les professionnels de santé
La technologie de l’IA se développe rapidement et est mise en œuvre dans les systèmes de santé du monde entier comme mesure d’efficacité, avec d’excellents résultats pour les patients. Des entreprises canadiennes telles que Pentavere (utilisant DARWEN™ AI) et Tali AI testent et déploient déjà cette technologie pour gérer la documentation de routine, réduisant ainsi les temps d'arrêt des médecins et autres praticiens et les libérant pour les soins aux patients.
La mise en œuvre préventive de l’IA peut également nous permettre de faire passer notre système de santé d’un système réactif à un système proactif. Les outils basés sur l'IA peuvent analyser les données de santé pour détecter rapidement les risques, ce qui incite à des soins proactifs — par exemple, en détectant des problèmes comme le diabète ou les maladies cardiaques à un stade précoce, ou en prenant en charge les maladies chroniques avant qu'elles ne s'aggravent.
4e point d'action - Permettre à tous les médecins praticiens et infirmières praticiennes d'avoir accès à des outils de rédaction de rapports assistés par l'IA, réduisant ainsi les heures consacrées à la paperasse chaque semaine, heures qui peuvent plutôt être consacrées aux soins des patients.
5e point d’action - Soutenir la mise en œuvre de l’IA comme outil prédictif pour réduire considérablement les crises médicales et les hospitalisations.
6e point d’action - Soutenir la mise en œuvre de l’IA comme outil de diagnostic pour générer un deuxième ou un troisième avis pour les médecins praticiens et les infirmières praticiennes dans la réalisation des diagnostics.
Cette feuille de route en trois étapes pour les soins de santé mettra les patients au centre et mettra l’innovation au service des soins, ce qui entraînera des temps d’attente plus courts, des dépenses plus intelligentes et une population en meilleure santé.
Surtout, cette approche évite la « taille unique ». Ottawa travaillera main dans la main avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, les autorités sanitaires autochtones et les professionnels de première ligne pour élaborer conjointement des solutions. L’infrastructure et les normes seront nationales – comme le référentiel de données numériques ou les lignes directrices pour l’utilisation clinique de l’IA – mais la livraison sera locale, respectant les besoins uniques de chaque région.
Grâce à une collaboration fédérale-provinciale qui conjugue le financement et la vision du gouvernement fédéral à la mise en œuvre par les provinces, nous rétablirons ensemble la confiance dans notre système de santé, en garantissant l'accessibilité pour tous les Canadiens. Ensemble, nous écrirons le prochain chapitre des soins de santé au Canada, afin de garantir un système de santé durable, efficace et excellent pour toutes et pour tous.